{article expert} Effectivement, « nos régions ont du talent » !


« Nos régions ont du talent » : tel est le nom de marque choisi par Leclerc pour promouvoir sa gamme de produits issus d’entreprises locales et de savoir-faire traditionnels. Une assertion bien choisie, qui ne trouve pas sa confirmation que dans les rayons des hypermarchés.

Certaines entreprises, viscéralement liées à leurs régions d’origine, ont choisi tout au long de leur histoire de valoriser et développer leurs savoir-faire « génétiques », et n’ont pas pour autant manqué le train de la performance.

Un savoir-faire séculaire du Dauphiné pour conquérir avec succès les marchés internationaux

A Saint-Uze, dans la Drôme, une entreprise célèbre fait partie intégrante du patrimoine depuis 1789. Il s’agit de Revol, qui fabrique de la porcelaine culinaire. Dans un secteur où la concurrence chinoise est extrêmement marquée, Revol parvient à continuer à concevoir et produire en France, et s’en porte plutôt très bien, y compris à l’exportation. Olivier Passot, son dirigeant, explique que l’ancrage régional de son entreprise ne lui permet certes pas de rentrer dans une guerre des prix déraisonnée, mais constitue tout de même un réel point fort et différenciant : « la seule réponse possible pour nous, c’est de valoriser notre savoir-faire ancestral, qui n’est pas délocalisable, en fabriquant des produits de grande qualité, créatifs, à forte valeur ajoutée. Autrement dit, notre avenir passe par l’innovation permanente ».

Côté savoir-faire ancestral, on trouve sa formule de pâte (un mélange de kaolins très purs, de feldspath et de silice) qui se transmet de génération en génération, et des salariés maîtrisant les techniques de réalisation, parfois aussi… de génération en génération. Côté innovation, on trouve une politique de recherche et développement très active (5% de son chiffre d’affaire y est consacré) qui porte tant sur les matériaux que sur le design. Le fameux gobelet froissé qui a rendu Revol célèbre partout dans le monde, ou plus récemment sa nouvelle gamme Révolution constituée d’un nouveau matériau breveté sont, entre autres produits à succès, les résultats de cette association gagnante. D’ailleurs, l’entreprise affiche une santé insolente : 17,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011, dont 70% sont réalisés à l’export. Une jolie performance pour une entreprise séculaire restée très attachée à sa région.

Un cocktail de modernité et de tradition redynamise une imprimerie bretonne cent cinquantenaire

En 1842, François-Charles Oberthur crée à côté de Rennes l’imprimerie Oberthur. Elle connaît rapidement un grand succès avec notamment l’impression de produits millésimés (agendas, almanach…), avant de développer son savoir-faire dans le domaine de l’impression fiduciaire, c’est-à-dire l’impression de documents sécurisés. C’est ainsi qu’au milieu du 20ème siècle, elle est choisie pour imprimer des billets pour la Banque de France. Après un passage à vide dans les années 80, Oberthur est reprise par la famille Savare, qui lui donne un second souffle notamment en misant sur la préservation, le développement et la valorisation de son savoir-faire en matière d’impression fiduciaire. C’est de cette spécialité que naît la désormais nommée Oberthur Fiduciaire, qui continue à produire sur son site historique de Chantepie nos billets de 5 euros mais aussi ceux de 70 pays dans le monde. Car Oberthur Fiduciaire peut se prévaloir d’une place de choix sur son marché : elle figure dans le top 3 de son secteur au niveau mondial. Une position qu’elle doit au respect de ses origines et à son souci de la qualité, mais aussi à sa culture de l’innovation. En effet elle évolue sur un marché où pour garantir aux clients un niveau maximal de sécurité il faut pouvoir proposer des solutions à la pointe de la nouveauté, ainsi qu’un design pertinent (Oberthur Fiduciaire dessine également les billets).  Son directeur général, Thomas Savare, le confirme : « Nous sommes fiers d’être les héritiers d’une longue tradition d’excellence, et d’avoir toujours choisi le mouvement qui est aujourd’hui le seul gage de pérennité ».  La preuve que rester attaché à son histoire et ses origines géographiques n’est pas pénalisant, au contraire, dès lors que l’on sait aussi évoluer et suivre –voire anticiper- les évolutions techniques et les attentes de son marché.

Le tricot normand joue dans la cour des grands

Avec son nom que l’on a tendance à prononcer à l’anglo-saxonne, Saint-James est pourtant une entreprise bien française. Elle se nomme d’ailleurs tout simplement comme le village normand dans lequel elle s’est installée au milieu du 19ème siècle, tout près du Mont Saint-Michel qu’elle a choisi pour logo. Saint-James est alors spécialisée dans le traitement et le tissage de la laine, et produit plus particulièrement des vêtements pour les marins. Elle commercialise notamment le fameux pull marin rayé, qu’elle diffuse au grand public à partir des années 70. L’entreprise connaît un grand succès, et doit s’étendre : c’est sur son site historique qu’elle choisit de le faire. Un choix qu’elle réitère, même pendant la crise de l’industrie textile alors que les délocalisations sont légion. Après 3 extensions, ce sont aujourd’hui 300 personnes qui travaillent à Saint-James pour Saint-James, qui produit en France l’intégralité de son cœur de collection. Luc Lesénécal, son actuel président, a rappelé son attachement aux racines de l’entreprise en mai dernier lorsque Saint-James a remporté le marché des pulls de la police nationale : « notre savoir-faire depuis 1889 repose sur nos fabrications françaises et notre histoire. Le ‘Made in France’ est important pour nous et représente la garantie de notre essor à l’export ». Avec un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros, dont 30% sont réalisés à l’export, on peut affirmer que ce choix s’avère payant.

Le talent des entreprises régionales : continuer à créer de la valeur, et de l’emploi

Loin de l’image désuète, voire ringarde, que véhiculent les entreprises « du terroir », on trouve en région des sociétés qui savent conjuguer tradition et modernité et s’imposer comme des acteurs majeurs de leur secteur. Car toutes s’appuient sur leurs savoir-faire traditionnels, tout en restant dynamiques et innovantes. C’est ainsi que les pulls rayés normands de Saint-James parviennent à rencontrer le succès de New-York au Japon, que les billets bretons d’Oberthur Fiduciaire circulent dans le monde entier et que le gobelet froissé drômois de Revol se vend même en Chine…


Kokou Adzo

Kokou is a fervent advocate for the seamless fusion of business and technology, he has always been at the forefront of innovation. Graduating from two esteemed European institutions, the University of Siena in Italy and the University of Rennes in France, he mastered the nuances of Communications and Political Science. With a diverse educational background, Kokou consistently offers insights that reflect his deep understanding of the modern digital landscape shaped by both commerce and governance. Those who have the privilege to read his pieces or collaborate with him are invariably inspired by his vision of a world where business meets tech not just at the crossroads of necessity but at the pinnacle of innovation.

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