#finance: La métamorphose du financement des start-ups


La façon dont les startups se financent est en train de changer et cela rend nerveuses les filières traditionnelles du capital-risque.


Par Carl-Alexandre Robyn
Après la vague des fonds d’entrepreneurs (structures dédiées par lesquelles des créateurs de startups investissent leurs plus-values dans d’autres startups) et l’émergence de nouvelles formes de crowdfunding (notamment l’equity-crowdfunding à l’instar de MyNewStartup, Wiseed, Finance Utile, Anaxago, SmartAngels, Afexios), voici une nouvelle étape avec l’éclosion d’un nouveau mode de syndication incarné par les business archangels
Une société américaine dénommée  AngelList  a mis au point un nouveau produit de financement de start-up appelé  AngelList Syndicates. Dans ce type de financement syndiqué, de riches individus  confient leurs capitaux d’investissement à des  anges-investisseurs renommés qui se mettront en chasse d’opportunités et investiront les fonds du  pool dans les startups choisies.
AngelList collecte 5 % de tous les profits engendrés par les capitaux investis dans les deals choisis par le meneur des business angels : l’ « archange ».  Les archanges s’arrogent, eux, 15 % de tous les profits engendrés par les transactions qu’ils ont initiées. Les autres, les business angels suiveurs, se partageront le solde, soit 80 % des bénéfices engrangés.
 
Les archanges, typiquement les leaders des plus influents groupes ou associations de business angels, seront en mesure de mener eux-mêmes des tours de table de levée de fonds pour des startups en phases de développement précoces. On les appelle également les lead dogs  car ils choisissent d’eux-mêmes d’exercer le rôle de chef de file des investisseurs et se chargent d’amener d’autres anges autour de la table. Un seul interlocuteur parvenant à boucler à lui seul la levée de fonds nécessaires au démarrage de la start-up c’est un gain de temps et un évitement de tracasseries inégalables pour l’entrepreneur. Plus besoin de road shows (tournées de présentation harassantes) ni d’aides financières supplémentaires. S’adresser à une seule entité est bien plus simple que de tenter de fédérer plusieurs dizaines de particuliers.
Ce nouveau type de syndication permettant désormais d’investir de bien plus gros montants, à l’aune de ceux qui étaient jusqu’il y a peu exclusivement fournis par les sociétés de capital-risque traditionnelles, implique que les levées de capitaux ne seront plus aussi longues. Les venture capitalists mettent des semaines pour parvenir à un consensus de leurs partenaires sur une opportunité d’investissement. Leur minutieux processus de sélection et d’évaluation fait partie de la valeur ajoutée qu’ils apportent à leurs actionnaires. Mais cela crée des problèmes pour les entrepreneurs qui les sollicitent, se retrouvant souvent coincés au milieu de conflits internes entre capitaux-risqueurs (du style, « Vous ne m’avez pas soutenu dans ma proposition d’investir dans Google et nous devons maintenant déplorer un manque à gagner de 250 millions d’euros, alors maintenant je ne vais pas soutenir vos propositions »). Cela signifie également que les entrepreneurs devront patienter des semaines, parfois des mois, avant de voir leur levée de fonds bouclée.
 
Un archange expérimenté jouit d’une plus grande liberté de manœuvre puisqu’il n’est pas obligé de demander la permission ou de chercher le consensus auprès d’autres capitaux-risqueurs habituellement rencontrés dans les tours de tables. Il prend quelques heures et parfois quelques jours pour se convaincre d’investir, ou non. Parce qu’en fin de compte, c’est un homme de terrain intuitif. Il peut dire si le produit est bon, ou non, – et par extension, si les fondateurs sont bons ou non – en quelques instants.
Plus nombreux seront les archanges  mieux ce sera pour les entrepreneurs qui disposeront de plus de solutions de financement et obtiendront probablement de meilleures conditions financières.
Les AngelList Syndicates tout comme l’essor des nouvelles plateformes innovantes d’equity-crowdfunding sont en quelque sorte les clous du cercueil de bon nombre de sociétés de capital-risque classiques, dont les moins performantes (c’est-à-dire celles n’apportant pas vraiment une réelle et substantielle valeur ajoutée) rencontreront de nouvelles difficultés, qui viendront s’ajouter à l’anémie de leurs revenus actuels les poussant probablement vers la faillite.
 
Il y aura peut-être moins de business angels dans les startups, probablement écartés par des archanges capables de signer de gros chèques. Les entreprises émergentes se retrouvent ainsi obligées de choisir d’emblée un syndicat d’anges avec qui travailler, rognant ainsi leur marge de manœuvre et la possibilité de recourir ultérieurement à d’autres business angels susceptibles d’apporter une nouvelle valeur ajoutée.
Habituellement, un entrepreneur peut compter réunir deux ou trois business angels apportant chacun 50 000 € dans l’affaire, tandis que les archanges disposent de plus de moyens , leurs 50 000 € usuels, plus l’argent du pool des suiveurs, soit en tout  entre 300 000 € et 500 000 €, ce qui généralement suffit pour boucler l’Angel round (1er tour de table de levée de capitaux) de la plupart des startups. Mais les Super Angels accepteront-ils de n’investir qu’une fraction de l’argent du syndicat dans un deal ou préfèreront-ils se porter vers les opportunités leur permettant d’investir en une fois la totalité de l’argent du syndicat d’investisseurs ?
Généralement une société de capital-risque classique réalise toutes ses opérations d’investissement à partir d’un fonds dédié unique. Tandis que dans les AngelList Syndicates, un fonds spécial est créé pour chaque deal. Si celui-ci engrange un profit pour le syndicat, le lead investor  reçoit un carry, c’est-à-dire un pourcentage de tous les bénéfices engendrés par l’investissement. Il s’agit d’une sorte de success fee qu’acceptent de payer tous les suiveurs de son syndicat en récompense de ses fructueux efforts.
 
Dans un fonds de capital-risque traditionnel, les investissements profitables doivent compenser les investissements non rentables et l’ensemble du portefeuille doit dégager une rentabilité minimale fixe avant que les gestionnaires puissent recevoir un carry. Dans les syndicats de business angels, on ne doit pas compenser des investissements non profitables et il n’y a pas de bénéfice minimal à atteindre pour mériter un carry. Les syndicats n’ont donc pas un besoin impératif  d’un taux de rendement interne élevé.
 
*Carl-Alexandre Robyn est fondateur et CEO du cabinet Valoro  basé à Bruxelles et spécialisé dans l’évaluation des startups et leur montage financier.
 
crédit photo à la une: shutterstock


Kokou Adzo

Kokou is a fervent advocate for the seamless fusion of business and technology, he has always been at the forefront of innovation. Graduating from two esteemed European institutions, the University of Siena in Italy and the University of Rennes in France, he mastered the nuances of Communications and Political Science. With a diverse educational background, Kokou consistently offers insights that reflect his deep understanding of the modern digital landscape shaped by both commerce and governance. Those who have the privilege to read his pieces or collaborate with him are invariably inspired by his vision of a world where business meets tech not just at the crossroads of necessity but at the pinnacle of innovation.

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