De plus en plus présentes sur le marché mondial, les entreprises coopératives restent malgré cela peu connues du grand public. C’est pourquoi l’année 2012 avait été déclarée « Année internationale des coopératives » par l’Assemblée générale des Nations Unies, afin de faire connaître les bénéfices de cette économie au service de l’homme.
La promotion internationale du modèle coopératif
Les coopératives existent partout dans le monde et sont implantées depuis près de trois siècles, tant dans les pays développés que dans ceux en développement. Monique F. Leroux, PDG du Mouvement Desjardins, premier groupe financier coopératif au Canada, estime ainsi « qu’il y a 1 million de coopératives dans le monde qui rejoignent plus de 1 milliard de membres et qui procurent un emploi à plus de 100 millions de personnes. Les 300 plus grandes coopératives et mutuelles génèrent un chiffre d’affaires de 2000 milliards de dollars. C’est l’équivalent de la 9ème économie mondiale ».
Plusieurs rencontres ont ponctué cette Année internationale des coopératives qui a réuni des acteurs de la performance durable, mais aussi des intervenants d’entreprises diverses, pour améliorer la communication à destination du grand public. En outre, elles ont permis de mieux faire connaître les spécificités des coopératives, et également d’encourager leur création et leur développement. Elles ont enfin été un moyen de sensibiliser les instances étatiques à légiférer et réglementer en faveur de leur création et de leur croissance, compte tenu des avantages de cette forme d’entreprises en temps de crise.
La résilience du régime coopératif face à l’instabilité des marchés économiques
Lors de la Journée internationale des coopératives, le 7 juillet 2012, M. Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, confirmait les capacités de résistance des coopératives en affirmant que « la crise économique et financière a également donné la preuve de la résilience des institutions financières différentes telles que les banques coopératives et les coopératives d’épargne et de crédit ». De son côté, Jacques Attali, président de Planet Finance, estime que « le modèle coopératif est un modèle d’avenir parce qu’il arrive à concilier l’économie de marché et la démocratie. Et il crée ces conditions de compatibilités à l’intérieur même de l’économie de marché…. Les coopératives font partie de cette économie positive qui a pour vocation – si les choses tournent bien – de remplacer le capitalisme classique ».
Selon une enquête de l’Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS), les coopératives constituent aujourd’hui l’une des grandes innovations organisationnelles et éducatives. En effet, d’après cette étude, les coopératives contribuent à la régularisation et la stabilisation économique, politique et sociale. Par ailleurs, elles semblent mieux traverser les crises que les entreprises traditionnelles puisqu’on a constaté une augmentation des démarrages de coopératives et une hausse des chiffres d’affaires, malgré le contexte économique. Une résilience dont la source est à chercher dans la philosophie du modèle, empreinte d’une éthique ancrée dans les rouages de la performance à long terme. Aussi, la recherche d’un business plan ambitieux, d’une cotation en bourse, de la mise en place d’un management participatif ou d’un plan d’amélioration en continu des compétences font partie des préoccupations des actionnaires et des salariés. Sur le plan environnemental, la démarche qualité et la définition d’une politique de R&D et d’innovation restent au premier plan de leurs actions.
L’envergure des coopératives au niveau mondial et national
De nombreux exemples illustrent le succès de cette organisation novatrice. En Argentine par exemple, en 2005, les coopératives fournissent 58% de l’électricité en zone rurale. De manière plus inattendue, 42% de l’électricité des États-Unis sont fournis par des coopératives. Au Japon, 257 000 personnes sont employées par des coopératives dont 9,1 millions de familles d’agriculteurs sont membres. En Inde, les coopératives couvrent 67% des besoins des foyers ruraux. Dans le commerce de détail, le succès des coopératives Migros et Coop en Suisse les place en tête des distributeurs. En Allemagne, le groupe Edeka, emploie environ 250 000 collaborateurs et forme plus de 10 000 apprentis. Il occupe par ailleurs le premier rang du commerce de détail. En 2009 par exemple, il réalise 42 milliards d’euros de chiffre d’affaires grâce à ses 12 000 points de vente dont le groupe Spar, Neukauf, Netto Marken… Leur organisation est fondée principalement sur des détaillants indépendants qui se sont unis et qui sont fournis par des sociétés régionales responsables de maisons de commerce en gros.
En France, Optic 2000, l’un des pionniers du mouvement coopératif, a débuté ses actions dès 1962. Le groupe compte actuellement environ 1900 magasins et s’est diversifié en intégrant Audio 2000 et Lissac. En 50 ans, Optic 2000 est devenu la première enseigne nationale de distribution non alimentaire en nombre de points de vente. Comme l’explique Didier Papaz, président du Groupe, « nous voulons être une enseigne plus citoyenne, en proposant notamment une offre de montures fabriquées en France », malgré la concurrence des productions asiatiques. C’est ainsi qu’en 2011, Optic 2000 relève le défi avec le programme « Vision solidaire ». Yves Guénin, son secrétaire général, explique que « nous étions une entreprise “socialement solidaire“. Avec ce programme nous allons plus loin en nous affirmant aussi comme une entreprise “économiquement solidaire“ ». Avec la collection MODE in France, l’enseigne apporte un soutien sans faille à l’emploi français. Cette collection, 100% fabriquée en France, illustre l’alliance du savoir-faire technique de l’industrie lunetière du Jura. Aussi, acteurs du domaine de la santé, les magasins renforcent le maillage entre les acteurs publics et privés en développant une offre de proximité.
Autre enseigne coopérative française : Intermarché / Les Mousquetaires de la distribution est une structure de distributeurs indépendants dans laquelle chaque décision est prise de manière collective par les responsables des régions et examinée par les responsables nationaux. Intermarché est reconnu comme le spécialiste des produits frais en libre service et en rayons traditionnels. Fidèle à l’esprit des coopératives, le groupement des Mousquetaires est né de la volonté de placer les valeurs humaines au dessus de la seule logique du profit. Il vise l’épanouissement personnel de ses collaborateurs au sein d’un projet commun. Selon un des principes fédérateurs : « être mousquetaire, c’est avant tout un état d’esprit : affirmer son indépendance, en restant au service de tous ». Cela contribue au renforcement des liens entre les adhérents permanents et à une solide interdépendance qui favorise la mise en commun de filiales et de structures communes. Économiquement responsable, l’organisation repose sur des prix bas, permettant un mieux-être au plus grand nombre, et sur la proximité pour mieux connaître et mieux servir.
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